C'était l'été, il faisait chaud, le temps s'étirait de tout son long.
Nous ne faisions rien de précis.
Du flou avec quelques peluches et une robe légère à bretelles.
Ce jour-là, elle avait l'air presque grave.
Elle, si souvent bavarde, était presque muette.
Un peu boudeuse, peut-être.

J'ai sorti mon appareil-photo et j'ai commencé à la photographier.
Elle s'est d'abord mise à danser pieds nus sur le carrelage.
Elle a dû me demander de venir danser avec elle.
C'est toujours une de ses activités préférées lorsque nous sommes toutes les 2.
Je finis toujours par dire oui, elle le sait.

Et puis, comme je dansais tout en la photographiant, elle a dû s'arrêter
et partir s'asseoir sur le canapé, histoire de me signifier silencieusement
qu'elle était déçue.
Je ne dansais pas vraiment.
Pas suffisamment pour lui plaire.

Elle s'est ensuite amusée à se cacher derrière ce gros chien qu'on avait décidé
d'appeler Wouly-Wouly comme dans un livre de Babar.
Elle souriait, mais je sentais qu'une partie d'elle m'échappait.
C'était déstabilisant et beau à la fois.
C'était comme si elle apprenait à jouer avec ses humeurs pour mieux les détourner,
et embrouiller son voisin, son chien, sa mère.

Nous aurions dû sortir, aller nous baigner, jouer au ballon, faire de la balançoire
ou je ne sais quoi.
Mais je n'avais envie d'à peu près rien.
Les seules choses dont je me sentais capable, c'était de regarder son épaule nue,
de tourner autour d'elle comme un moustique décomplexé.

Je ne sais plus comment s'est terminée notre longue journée...
Mais je sais que j'ai appris à aimer ces journées qui n'en finissent plus,
ces heures à rallonge.
Quand une semaine semble ne durer qu'une heure, à moins que ce ne soit l'inverse.

Heureusement, chaque nouvelle année scolaire contient ses 2 mois d'été.
Ces heures pleines et creuses à la fois.
J'espère qu'elle les apprécie autant que moi.
J'ai complètement oublié ce que je pensais à cet âge-là.