Souvent, je roule trop vite, parce que je n'aime pas les limitations de vitesse.
Mais tout à l'heure, j'ai ralenti car il y avait ces deux filles au bord de ma route
qui marchaient, je les ai trouvées incroyablement belles avec leurs cuisses
ultra bronzées et leurs sacs à dos mal équilibrés.  
Il y avait dans leurs yeux une sauvagerie certaine, une fierté d'être là au bord de
cette route et d'être vues par les automobilistes qui, comme moi, passaient si près d'elles.
Au retour, je me suis demandée si j'allais les revoir, et oui, elles n'étaient plus
qu'à quelques pas de chez moi où malheureusement je ne les inviterai pas.
J'aurais aimé leur poser quelques questions, peut-être les photographier, ou
simplement leur offrir un verre d'eau ou un café, c'est la seule chose que je sais
faire un bon café. J'aime bien offrir des cafés.
Elles étaient de dos cette seconde fois, celle de droite, la plus blonde des deux je crois,
avait un tatouage sur son mollet droit. Elles ne sauront jamais que j'ai écrit ces quelques
phrases en pensant à elles. Les autres savent si peu souvent que l'on pense à eux, et
que parfois, même, on écrit sur eux, avec eux.